Interview de Ruksshaan, mentoré chez DEMA1N.org

Ruksshaan THURAIAPPAH, 24 ans, étudiant à Science Po Paris, partage son expérience de mentoré.

Ruksshaan THURAIAPPAH, 24 ans, étudiant à Science Po Paris, partage son expérience de mentoré. Il possède un parcours atypique. Issu de la banlieue, ça ne l’a pas empêché d’être :

  • Chef de la cellule entrepreneuriat du ministère des armées, 
  • Représentant de la société civile au Conseil des Droits de l’Homme,
  • Ambassadeur jeunesse lors de la présidence française du Conseil de l’Union européenne en 2022,
  • Entre autres…

Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de multiplier les expériences : scolaires, professionnelles et associatives ?

Je suis convaincu que faire différentes expériences est une clé essentielle pour m’épanouir pleinement et me découvrir moi-même. À travers ces dernières, j’ai pu explorer mes passions, découvrir mes centres d’intérêt et mes compétences, mais aussi apprendre de mes erreurs pour identifier mes forces.

En outre, je considère que multiplier les expériences est un moyen de développer une ouverture d’esprit et d’élargir mes horizons en allant à la rencontre de personnes provenant de milieux différents. Cette diversité de rencontres m’a permis d’apprendre à comprendre et à respecter les opinions et les croyances des autres, tout en étant capable d’exprimer les miennes de manière constructive.

Enfin, l’acquisition de nouvelles compétences est un élément clé de mon développement personnel et professionnel. Je crois que dans un monde en constante évolution, être capable de s’adapter et de se réinventer est primordial. Les compétences techniques sont importantes, mais les qualités humaines, comme l’empathie et la solidarité, sont tout aussi indispensables. C’est pourquoi, je cherche constamment à développer mes aptitudes en m’impliquant dans diverses activités, qu’elles soient scolaires, professionnelles ou associatives.

En définitive, pour moi, il s’agit d’un choix de vie. Cela me permet de continuer à apprendre, à évoluer et à m’adapter aux défis futurs. Cette démarche me permet de devenir une personne plus épanouie et plus équilibrée, tant sur le plan personnel que professionnel.

D’où vient cette envie d’aller plus loin et de repousser à chaque fois un peu tes limites ? 

Enfant, je me devais de faire face à une réalité, celle d’être élevé par une mère seule, ayant quitté son pays et devant apprendre des coutumes qui ne lui sont pas familières, dans la précarité. Face à cette situation, ma préoccupation était de pouvoir nous nourrir. J’ai fait la promesse à ma mère que nous ne serions plus jamais dans cette situation et que je prendrais soin d’elle. Ainsi, j’ai été très rapidement mis face à des responsabilités notamment durant mon rôle de traducteur, d’aidant en matière administrative, médicale, etc. Je me devais donc  d’avoir une certaine maturité. Ce rôle m’a permis de me forger et de me former à “un métissage harmonieux” selon l’expression de Marie Rose Moro dans son roman Enfants d’ici venus d’ailleurs. J’imaginais alors un avenir où nous quitterions tous les deux la banlieue pour vivre une vie meilleure, loin de nos souvenirs douloureux.

Lorsque j’étais au lycée, j’ai appris que, selon un rapport de l’OCDE, cela prendrait six générations pour qu’une famille pauvre atteigne le revenu moyen. Ce qui signifie qu’en France, il faudrait attendre « 180 ans » pour qu’un descendant d’une famille pauvre atteigne le revenu moyen. Cette découverte m’a fait prendre conscience de l’ampleur du défi auquel j’étais confronté.

Cependant, plutôt que de me laisser décourager par cette “fatalité”, j’ai choisi de faire naître en moi une détermination à combattre cette statistique. Je suis convaincu que le fait d’être issu “d’une famille pauvre” et d’une première génération de famille réfugiée ne doit pas déterminer mon avenir ni mes ambitions. Je suis prêt à travailler dur pour réaliser mes rêves et prouver que je suis capable de surmonter tous les obstacles qui se dressent sur ma route. Je crois que chaque petit pas que je fais me rapproche de mon but, et chaque réussite ne fait que renforcer ma conviction que je suis capable de réaliser tout ce que je veux dans la vie.

Chaque responsabilité, chaque nouveau poste, chaque réussite et victoire remportée m’a permis de renforcer mon appréciation pour les suivantes. À chaque défaite ou ambition que je n’atteignais pas, je visais encore plus haut, ce qui me poussait à me surpasser. 

Je savais qu’en visant la lune, j’atterrirai, en cas d’échec, dans les étoiles.

Comment as-tu fait pour construire ce parcours hors norme ?

Mon parcours s’est construit autour de l’engagement mais aussi la recherche d’utilité. En effet, je me suis toujours dit que je me devais moi-même d’agir à mon échelle pour un monde meilleur.

Depuis le plus jeune âge, à force d’être en contact avec les médecins dans mon rôle de traducteur, est né le souhait de faire des études de médecine. Mais malheureusement suite au décès de mon père, j’ai dû prendre en charge les frais d’obsèques. C’est pourquoi je me suis réorienté en licence pour pouvoir travailler à côté de mes études, dans l’objectif de pouvoir subvenir aux besoins de ma famille. 

Mon premier travail consistait à recruter des donateurs pour les associations. Vous savez, ce sont les gens qui vous accostent dans la rue afin de vous demander de soutenir financièrement une association. Moi, je représentais la Croix-Rouge car je connaissais déjà la maison, vu que j’y étais investi bénévolement. Cette expérience m’a permis de découvrir le monde du travail et de sortir de ma zone de confort, parce que j’étais quelqu’un de très timide à la base.

Assez tôt, tu as aussi développé une activité associative. Pourquoi ? Qu’est-ce que cela t’a apporté ?

J’ai commencé à l’âge de 15 ans en tant que bénévole au sein de la Croix-Rouge française. Je voulais agir à mon échelle pour un monde meilleur.

Le monde associatif a été pour moi la chance de monter en compétences, de prendre en responsabilité et d’agir concrètement, à travers des maraudes, des distributions alimentaires, du secourisme et d’agir en faveur des jeunes.  

Cet engagement m’a permis de gagner en maturité. 

Avec la Croix-Rouge, on accompagne quotidiennement des personnes fragiles comme des personnes sans domicile fixe. Je suis très vite devenu chef de maraude, secouriste, puis responsable adjoint à l’action jeunesse. Je suis actuellement élu du conseil de délégation et directeur des projets humanitaires, du service civique et du service national universel. 

J’ai pu ainsi monter des projets qui ont eu un impact concret. Avec d’autres bénévoles, j’ai développé l’épicerie solidaire mobile pour les étudiants. C’est une épicerie solidaire qui va dans les universités de la Seine-Saint-Denis pour proposer des fruits et des légumes contre une participation symbolique. Ce projet de grande envergure a reçu une aide de 130 000 €. 

J’ai pu aussi développer des partenariats avec différentes entreprises et trouver des fonds et équipements durant le COVID pour protéger nos secouristes, qui étaient en première ligne.  

En parallèle, j’ai aussi été ambassadeur jeunesse à la présidence française du Conseil de l’Union européenne pour la Croix-Rouge française. On est parti à la rencontre des eurodéputés afin de prendre position contre le sans-abrisme devant les instances européennes.

Finalement, en tant que simple bénévole, je peux faire en sorte de changer le monde de demain !

Pourquoi avoir lancé une entreprise à 18 ans ?

J’ai toujours aimé chercher les réponses à mes questions. À travers mes recherches sur internet, j’ai pris conscience de l’intérêt d’être auto-entrepreneur. En tant qu’étudiant, ça nous permet de gérer notre planning, d’avoir différentes expériences professionnelles selon les horaires qui nous conviennent. 

On peut surtout avoir un meilleur salaire. La première année, grâce à une aide qui s’appelle l’ACRE (Aide à la Création ou à la Reprise d’une Entreprise), on ne paie quasiment pas de taxes. Il existe aussi des applications qui permettent à des auto-entrepreneurs étudiants d’avoir accès à des missions. C’est un peu comme de l’intérim mais pour les micro-entrepreneurs. J’ai pu faire des missions de gestion de stock, vente, business développement. J’ai été photographe au premier étage de la Tour Eiffel. J’ai même été poissonnier !

Pour faire toutes ces missions, il n’est pas nécessaire d’avoir des compétences spécifiques. Parfois, il suffit de travailler quelques heures et d’apprendre sur le terrain. Il faut avoir le sens de la débrouille et surtout de grandes capacités d’adaptabilité.

Comment le mentorat t’a aidé à construire ce parcours ?

Le mentorat m’a beaucoup aidé à définir et adapter mon orientation dans les études. Mon mentor m’a aidé à savoir quelles études suivre pour les  métiers qui m’intéressent. Par exemple, j’ai découvert les grandes écoles telles que Sciences Po à la fin de mon master 1 grâce au mentorat. Ayant fait mes études en ZEP (Zone d’éducation prioritaire), on ne m’avait jamais parlé de ces filières et écoles avant ; et encore moins encouragé à le faire. Dans mon lycée, on nous disait juste de viser le bac. Je me rappelle encore, la conseillère d’orientation me parlait de BTS comme étant le diplôme le plus élevé auquel je pouvais aspirer. 

La mentore m’a donc montré que je pouvais prendre d’autres voies. Elle m’a aussi permis de ne pas m’autocensurer. 

L’autre avantage du mentorat, c’est l’aide à la conception de CV et de lettres de motivation individualisé et optimal. Je ne maîtrisais pas les codes pour faire un bon CV ou rédiger une lettre de motivation impactante. Le mentorat de DEMA1N.org, m’a grandement aidé dans l’atteinte de mes objectifs professionnels.  

Troisième avantage du mentorat, et pas des moindres, c’est la motivation. Lorsqu’on est étudiant, on peut ressentir un manque de motivation à cause du stress ou des difficultés. C’est parfois compliqué de savoir ce qu’on va faire et de se projeter. Le mentor apporte un soutien et une aide pour se remotiver et lutter contre le syndrome de l’imposteur.

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Quels conseils souhaites-tu partager avec les jeunes de ta génération pour les aider à trouver leur voie professionnelle ?

Tout d’abord je pense qu’il ne faut jamais s’autocensurer. On a trop tendance à le faire lorsqu’on vient de la banlieue ou lorsqu’on fait face à certaines difficultés. 

Ensuite, je recommande de chercher à avoir une ouverture d’esprit. Il faut être curieux et aller chercher les informations sur les études et les différentes voies possibles. Il existe des passerelles pour atteindre nos objectifs. Par exemple, il existe des admissions parallèles en école de commerce et aux grandes écoles. Cette voie permet d’être admis en dehors du parcours classique de la prépa. Elle prend en compte l’expérience professionnelle, le bénévolat, l’histoire personnelle, etc. 

Enfin, je conseille de s’engager dans des associations du type Article 1, pour rencontrer des personnes issues de différents milieux avec différentes façons de penser et ne pas être bloqué dans une bulle. 

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